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Cet article appartient à une série qui explore les piliers d’une pratique de yoga sécurisée, progressive, et adaptée, en s’appuyant sur des outils précieux : la biomécanique et la science de la douleur. À travers ces articles, nous verrons comment ils éclairent des sujets aussi variés que l’alignement, la répétition et la pédagogie, pour offrir à nos élèves une pratique durable et inspirante.
Bonne lecture !
Anatomie, anatomie fonctionnelle et biomécanique : quelles différences ?
Pourquoi connaître l’anatomie ne suffit plus ?
L’alignement traditionnel : protection, blessures et circulation d’énergie
Le mythe de l’alignement des genoux
Alignement, pour ou contre ? La grande confusion
La biomécanique : une approche longtemps oubliée des formations de yoga
La biomécanique, champ d’études sans fin
La douleur et l’approche bio-psycho-sociale
Alignement : enrichir notre perspective
Peut-on prédire les blessures ?
Repenser l’alignement : au-delà des dogmes
Suite de la série Biomécanique
Mon Cours Repenser l’Alignement : le fruit de 20 ans d’exploration
La biomécanique, éclairée par la science de l'exercice, pourrait bien transformer la manière dont nous abordons et enseignons l’alignement en yoga.
Dans le monde du yoga, l’alignement est souvent présenté comme un pilier fondamental, un guide incontournable qui permettrait à la fois de protéger le corps, d’éviter les blessures et de maximiser les bienfaits des postures. Cette conception dite « traditionnelle » de l’alignement, issue de pratiques supposées millénaires, est profondément ancrée dans l’enseignement du yoga, où chaque posture a un placement prédéterminé, considéré optimal. Pour valider ces choix d'alignement, on convoque l'anatomie.
Alors pourquoi selon les lignées les alignements divergent-ils ? Que sait-on vraiment de la « prévention » des blessures, ou de leurs causes ? Que se passerait-il si nous repensions cet alignement à la lumière de la science moderne, pas seulement de l'anatomie, mais plus précisément de la biomécanique ?
Pour de nombreux.ses professeur.e.s de yoga, voilà un territoire encore inexploré, voire inconnu. Pourtant, cette discipline, qui étudie les forces agissant sur le corps et les mouvements qu’elles génèrent pourrait bien transformer la manière dont nous abordons et enseignons l’alignement en yoga. Sans compter la science de l’exercice et celle de la douleur, et leur somme conséquente de recherches dans ce domaine.
L’anatomie est l’étude des structures du corps humain, mais elle est essentiellement descriptive : elle nous dit ce qu’est un os (par exemple, le fémur), où il se trouve, quelle est sa forme et comment il s’articule avec d’autres structures. C’est la base : repérer, reconnaître les os, les muscles, les tendons, les ligaments, les fascias et les articulations.
L'anatomie fonctionnelle
L’anatomie fonctionnelle va un cran plus loin. Elle se demande : comment ces structures interagissent dans un mouvement précis ? Par exemple, que fait le quadriceps lorsque vous pliez le genou en posture du guerrier ? Ou comment la colonne vertébrale réagit dans une flexion avant ? Elle relie la théorie anatomique à la pratique du mouvement.
La biomécanique dépasse ces notions. Elle analyse les forces qui traversent le corps dans une posture (comme la gravité ou la force de réaction du sol) et les mouvements qu’elles génèrent. La biomécanique intègre aussi la variabilité humaine, reconnaissant que chaque corps est unique.
Par exemple, quelles sont les forces dans les genoux dans la posture de la chaise, selon l’alignement choisi ? Ou quel type de force s’applique sur le genou d’appui dans l’arbre, si l’on presse le pied opposé sur l’articulation ? Et surtout : cette pression est-elle supérieure ou inférieure à la capacité de l’articulation ?
Autrement dit : est-ce que mon genou va supporter cette contrainte, ou en ressortira-t-il blessé ? Et qu’en est-il pour le genou de cet élève, dont le corps et l’entraînement est différent du mien ?
Question cruciale s'il en est ! Au cœur de nos préoccupations d'enseignant.e.s.
Dans le yoga, l’anatomie est parfois survalorisée comme une science immuable, alors qu’elle est surtout un point de départ. Comprendre le nom des muscles et la forme des os est utile, mais reste limité. Beaucoup la trouvent ennuyeuuuuuse car elle est rarement pratique. J’ai moi-même séché mes premiers cours d’anatomie lors de longs week-ends de formation, chuuuut...
La biomécanique, en revanche, dynamise l'anatomie. Elle explore les forces en jeu, les adaptations du corps, et les impacts sur les alignements et la prévention des blessures. C’est un changement de perspective : plutôt que d’imposer « ce pied doit aller ici, pas là ", elle pose la question : "quelle est la meilleure option pour ce corps ici et maintenant ?". Elle s'observe dans le corps en mouvement, dans la posture de yoga.
L’anatomie est indispensable pour poser les bases, mais la biomécanique est l’outil qui transforme ces connaissances en un enseignement adapté, précis et respectueux des singularités corporelles.
Depuis les maîtres du XXe siècle, l’alignement est enseigné comme un moyen de protection, pour éviter les blessures. On nous dit par exemple que pour protéger les genoux, il faut éviter de dépasser une certaine ligne, ou encore que le bassin doit être dans une position précise pour éviter les traumatismes sur la colonne. Il s’agit donc de préceptes bien intentionnés.
Un autre aspect, plus subtil, de l’alignement considéré comme traditionnel est la croyance qu’il favorise la circulation de l’énergie, ou « prana », dans le corps. On explique que certaines positions, lorsqu’elles sont exécutées « correctement », permettent un meilleur flux énergétique, conduisant à un état de bien-être et d’harmonie. Une approche spirituelle, ésotérique, qui ne prend pas toujours en compte la réalité anatomique et biomécanique de chaque individu.
Reprenons cet exemple aujourd’hui célèbre : celui du mythe répandu selon lequel les genoux ne devraient jamais dépasser les orteils dans certaines postures de yoga. Ce conseil était souvent donné pour « protéger » les genoux. Notez que du point de vue de la diminution des risques de blessures, « protéger » ne veut pas dire grand-chose ; protéger qui, comment, de quoi ? Par ailleurs c’est une consigne inquiétante qui a un effet Nocebo, j’y reviendrai plus longuement dans un autre article.
Oui, l’idée que la position précise des genoux les protège de la blessure est un mythe, c’est vrai. Il date sans doute d'une mauvaise interprêtation d'études biomécaniques des années 70 - pas grand chose à voir avec les choix des maîtres du XXe siècle. Et ce mythe a fait le tour des réseaux sociaux.
Résultat : pour une partie de la communauté du yoga, la position du genou en flexion ne compterait plus, et par extension l’alignement ne compterait pas. Pendant ce temps, l’autre partie des professeur.e.s continue de transmettre l’idée qu’une position précise est nécessaire.
Comment réconcilier le monde du yoga ?
Dans l’absolu, il est vrai que lorsque les genoux en flexion dépassent les orteils, la charge exercée sur les genoux augmente : c’est une somme d’études biomécaniques qui nous le disent. Mais ce que l’on oublie souvent de mentionner - alors que c’est précisé dans lesdites études - c’est que si les genoux sont maintenus en arrière des orteils, la charge se déplace… ailleurs.
En réalité, les contraintes que l’on retire des genoux migrent vers les hanches et le bas du dos. En reculant les genoux, le centre de gravité change et on peut être amené à cambrer plus fortement les lombaires pour maintenir la posture, augmentant ainsi les forces dans cette zone. (1)(2)
Utkatasana (la chaise) : genoux au-delà des orteils : plus de charge dans le genou, moins pour le dos et la hanche.
Utkatasana (la chaise) : genoux en retrait des orteils, le dos est contraint à une extension importante.
Reculer les genoux en arrière des orteils, une bonne décision pour tout le monde ? Non pas. D’une part, les personnes dont les genoux sont en bonne santé pourraient perdre une opportunité de renforcer encore davantage cette articulation ; d’autre part pour ceux qui souffrent de sensibilité dans les hanches ou le bas du dos, ce changement de position, donc d’alignement, pourrait provoquer un excès de contraintes dans ces zones.
L’alignement universel n’existe pas, mais l’alignement individuel, pour chaque corps est important. C’est à faire le bon choix pour chacun.e que sert la biomécanique. L’alignement compte ! Mais pas comme on l’imaginait.
Essayez-ça : depuis Tadasana, la posture debout, pliez les genoux pour vous asseoir sur cette fameuse chaise sans chaise, mais en laissant les genoux à l’aplomb de vos chevilles. Et redressez la poitrine. Comment vous sentez-vous ? Que ressentez-vous dans les hanches, dans le bas du dos ? Comment respirez-vous ? Remontez.
Maintenant descendez le plus spontanément possible pour trouver la chaise la plus confortable possible, celle que vous pourriez tenir « longtemps ». Que ressentez-vous dans les genoux ? Les hanches, le bas du dos ?
Quelle chaise pour vous en ce moment ?
Comment régresser (enlever de la charge) si vous avez une douleur sur une articulation ?
Ou au contraire comment progresser (rajouter de la charge pour renforcer vos articulations) si vous vous sentez confortable ?
Que pourriez-vous changer à votre chaise dans l’un ou l’autre de ces objectifs ?
Pensez-vous à certain.e.s de vos élèves qui pourraient bénéficier de cette réflexion ?
Comment proposer un point de départ unique pour toustes dans un cours collectif ?
C’est ici que la biomécanique entre en jeu. Non pas que ce soit une science nouvelle ! Aristote, Galien, Léonard de Vinci ou Galilée ont tous apporté leur contribution à la naissance de cette science. Elle est véritablement formalisée au XXe siècle et facilitée par les avancées technologiques qui permettent des mesures pointues.
Aujourd’hui elle est au cœur des études et des pratiques des médecins du sport, des kinés, des entraîneurs, des coaches sportifs. C’est une science très étudiée par la recherche : à la clé, l’amélioration des performances des athlètes, la rééducation de toutes et tous, la diminution du risque de blessures dans le sport…
Les biomécaniciens sont des chercheurs qui ont des connaissances dans de nombreux champs d’étude du vivant. L’anatomie, bien sûr, mais pas seulement : physiologie, arthrocinématique, ostéocinématique, mathématiques, physique, chimie cellulaire, biochimie…Liste non exhaustive !
Des milliers d’études ont observé les réactions des tissus, des articulations - sains ou blessés - sous la charge dans diverses activités. Mais très rarement dans le contexte du yoga : celui-ci est essentiellement étudié dans le domaine de la santé pour ses effets sur des pathologies autres que musculo-squelettiques.
Peut-être ce manque d’intérêt pour les bénéfices ou les risques du yoga sur ce plan-là explique-t-il que la biomécanique ait été délaissée par notre communauté ? Ou peut-être est-ce parce que nous pensions avoir des règles de protection, intrinsèques à la pratique : l’alignement et la circulation de Prana ?
L'une des rares études à avoir fait certaines mesures biomécaniques dans des postures de yoga, parue dans une revue de science de l'exercice (Wilcox et al 2012 - International of Exercise Science)
Un autre élément souvent peu pris en compte dans l’enseignement du yoga est la manière dont chaque individu perçoit et vit la douleur. Cette perception varie énormément d’une personne à l’autre en fonction de plusieurs facteurs : l’histoire personnelle, les expériences passées, la génétique, l’hygiène de vie et même le contexte émotionnel et social dans lequel se trouve l’individu.
Le modèle bio-psycho-social de la santé nous aide à comprendre que la douleur ne peut pas être vue uniquement comme un phénomène mécanique ou physique, comme le reflet exact d’un tissu lésé. Elle est le résultat d’une interaction complexe entre le corps, l’esprit et l’environnement.(7)(8)
J'ai l'habitude de donner des ressources complètes sur ce sujet, mais le récent livre Neuromania d'Albert Moukheiber comporte un chapitre très clair sur le sujet.(9)
Pourquoi selon les lignées, les alignements divergent-ils ?
Les consignes qui varient d'une lignée à l'autre ont souvent pour but de mettre l'accent sur le positionnement des articulations pour faciliter l'amplitude articulaire (aller plus loin), en contractant ou étirant certains muscles plus précisément, pour contenir l'articulation dans la position. Pourtant, il existe des divergences entre les visions des maîtres du XXe siècle sur l’alignement.
Ils possédaient une expertise remarquable, forgée par leur pratique personnelle et leur expérience approfondie de l’enseignement. Cependant, contrairement à d’autres disciplines comme la médecine ou la préparation physique, où l’expertise combine connaissances théoriques, expérience pratique et recherche scientifique, leur approche manquait souvent des champs académiques tels que la biomécanique, la science de la douleur ou les spécificités morphologiques, notamment féminines. Ces connaissances ne faisaient pas partie de la culture, étaient peu accessibles ou insuffisamment développés à leur époque.
Cette interprétation subjective du ressenti corporel a probablement conduit chaque maître à établir des règles basées sur ce qui fonctionnait pour son propre corps. Ces principes ne tenaient pas toujours compte des variabilités morphologiques ou des besoins spécifiques des pratiquants. Ou bien ils pensaient en tenir compte, à la lumière des connaissances de l'époque, souvent dépassées à ce jour.
Autre fait important : certains biais cognitifs consistent à ne retenir que les expériences positives avec nos élèves, le fameux "ça marche ! " (cf les biais de sélection, biais du survivant...) en ne prêtant pas attention à toustes celleux qui ont eu une expérience négative, ou qui se sont bien gardés de le dire, peut-être en culpabilisant. Des maîtres et des élèves humains... trop humains... L'esprit critique, qui consiste à observer les choses avec une démarche stricte, à faire un relevé systématique et à comparer avec rigueur - comme le fait la recherche - s'apprend et ne peut pas s'inventer. Mieux : il va à l'encontre de notre réflexion spontanée et consiste souvent à réfléchir contre soi, contre le bon-sens qui semble s'imposer.
Le contexte historique a également influencé ces approches. Les pratiques physiques dominantes de l’époque, comme l’haltérophilie ou la gymnastique suédoise, valorisaient des alignements stricts et symétriques, ce qui a teinté certaines lignées de yoga. (voir sur ce sujet les travaux de Mark Singleton).
Pour finir, naturellement chaque maître, chaque école a besoin de marquer son style, sa technique. Au regard de toutes ces hypothèses, avec une relecture actuelle, il est possible de se demander si les consignes d'alignement d'une lignée ou d'une autre ne sont pas affaire de style formel et ne relèvent pas du choix esthétique, plus que du choix argumenté. Et si ces maîtres vivaient aujourd’hui, je fais le pari qu’ils intégreraient tout autant dans leur pratique les avancées modernes, comme le neurotraining ou les techniques de mouvement fluide, qui mettent l’accent sur la variabilité, l’adaptabilité, le mouvement des yeux coordonné, plutôt que sur une géométrie stricte.
Cette perspective ne diminue en rien leur héritage, mais nous rappelle que leur enseignement est le reflet de leur époque. Aujourd’hui, enrichir ces bases avec les connaissances scientifiques actuelles peut nous permettre de proposer un yoga adapté aux besoins et à la diversité des pratiquants modernes. Pourtant sur les réseaux sociaux, les traces vivaces de ces interprétations dominent souvent les conseils de pratique du yoga, parfois jusqu'au dogme. Parfois émanant de figures d'autorité que nous ne sommes pas en position de remettre en question. Pourtant, la recherche est là pour soutenir une approche du yoga différente.
Pour une approche du yoga contemporaine et personnalisée
Utiliser des poids augmente la charge et renforce la capacité des tissus
Ce qui est protecteur pour une personne peut ne pas l’être pour une autre. Un alignement rigide peut même parfois être une source de blessures.
Plutôt que d’imposer un alignement unique à tous, la biomécanique nous apprend à observer et à comprendre comment chaque corps réagit aux forces et aux mouvements. Une raideur peut limiter le mouvement, une hypermobilité surcharger une structure. Ce qui est protecteur pour une personne peut ne pas l’être pour une autre, et un alignement rigide peut même parfois limiter les bénéfices d’une posture ! Voire être une source de blessures selon la personne.
Sans compter que les formations de yoga ne dispensent pas de connaissances sur les véritables facteurs de risque des blessures musculo-squelettiques dans une pratique comme celle du yoga. Savez-vous par exemple que les pratiquants les plus « avancés », ceux qui pratiquent beaucoup, régulièrement et depuis longtemps, sont parmi les plus à risque de blessures ? Les professeur.e.s de yoga étant directement concerné.e.s.(3) (4) (5) (6)
En repensant l’alignement à travers le prisme de la biomécanique, on aide non seulement à limiter les risques de blessures, mais aussi à adapter l’enseignement aux spécificités de chaque élève.
Ainsi, lorsqu’on parle d’alignement ou de mouvement, il est essentiel de reconnaître que ce qui est confortable ou sans douleur pour une personne peut être tout le contraire pour une autre, en dehors même de la réalité de la contrainte exercée. Il peut y avoir blessure sans douleur, douleur sans blessure !
Cela souligne l'importance de ne pas se limiter à une approche strictement biomécanique mais de considérer la personne dans son ensemble, avec sa propre histoire de mouvement, de douleur et de blessures. Comme la biomécanique, la douleur possède sa propre science, une myriade d’études, des chercheurs spécialisés… La science de la douleur complète la biomécanique et c’est une approche du yoga sensible à ces deux champs de connaissances qui nous permettra d’aller vers un yoga 2.1, plus accessible, plus inclusif et débarrassé de ses croyances erronées.
La science de l'exercice utilise la technologie pour prendre des mesures précises du corps en mouvement et de l'effort.
Même les plus pointus des préparateurs sportifs ne peuvent pas totalement prédire les blessures ! Au point que l’expression « prévention des blessures » a été remplacée par « diminution du risque de blessure ».
La blessure ne dépend pas que de l’alignement, loin de là. Elle dépend de votre préparation en dehors du yoga : si vous êtes capable de courir régulièrement et de vous entraîner à dévaler les escaliers, vous aurez probablement des genoux bien préparés pour faire trois chaises de 30 secondes dans votre séance hebdomadaire de yoga.
Elle dépend aussi de la dose (la quantité de chaises que vous faites par séance, et par semaine), cumulée avec la quantité de sollicitation de vos genoux en dehors du yoga. Sans compter votre hygiène de vie, la qualité de votre sommeil et même votre niveau de stress… Selon l’expression consacrée « la blessure est complexe et multifactorielle ». Elle n’est pas simple, une seule origine suffit rarement, elle s’explique par de nombreux facteurs concomitants.
Regarder la position du genou dans la chaise et prédire un risque de blessures si on le voit dépasser les orteils n’est tout simplement pas « aligné » avec ce que dit la science aujourd’hui si vous me permettez ce jeu de mots.
Et si l'alignement en yoga n'était pas une règle, mais une exploration ?
Dans l'enseignement traditionnel, on apprend souvent à « rouler la cuisse vers l'extérieur » pour stabiliser le genou avant dans les postures de guerrier. Cette consigne, bien intentionnée, vise à protéger l'articulation.
Pourtant, pour moi, cette rotation vers l'extérieur crée une trop grande tension dans l’intérieur de la hanche. En expérimentant, j'ai découvert que rouler légèrement vers l'intérieur m’apporte plus de confort et de stabilité. Cet ajustement simple, mais personnalisé, a transformé ma pratique.
En tant que professeur.e de yoga, vous avez probablement reçu une formation initiale avec des consignes précises. Avec le temps et l’expérience, avez-vous ressenti le besoin d’adapter ces enseignements, que ce soit pour votre propre pratique ou pour répondre aux besoins spécifiques de vos élèves ?
S'autoriser à modifier en comprenant pourquoi est probablement la meilleure voie pour progresser vers plus de renforcement, de sensations agréables, de sécurité.
En fin de compte, l’alignement ne devrait pas être une règle immuable, mais une réflexion constante sur ce qui est le mieux pour chaque personne, à chaque instant. L’alignement compte ! C’est la position que peut prendre chacun.e de vos élèves à l’instant t, avec plus ou moins de charge sur chacune de ses articulations, avec un certain nombre de répétitions, une certaine fréquence de pratiques, en fonction de son niveau de préparation, de son histoire avec les blessures ou la douleur.
Nous voici donc avec une nouvelle définition de l'alignement : non pas une règle immuable, mais une position du corps dans l'espace adaptée à chacun.e. L’objectif est de limiter le risque de blessures, de permettre la pratique aux personnes blessées ou douloureuses, et de permettre aux élèves de progresser tout en se sentant en sécurité dans leurs mouvements, sans rigidité excessive ni crainte de mal faire.
Non, la biomécanique n’est pas une tendance passagère : c’est un socle de connaissances indispensables pour notre métier. Ajouter ou enlever de la charge pour chacun.e est un art que notre communauté de professeur.e.s maîtrise encore peu.
L'art du Yoga, à la lumière de la science.
Fruit de ces années de recherche, de remise en question et d’apprentissage, ce cours propose une vision renouvelée de l’alignement en yoga, enrichie par la science du mouvement et la biomécanique.
Conçu pour vous accompagner dans votre pratique et votre enseignement, il réconcilie la pédagogie du yoga avec la connaissance contemporaine.
C'est un pré-requis au cours sur l'Hypermobilité.
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© Florence Roullière 2024
Crédit Photos Sarah Robine