Soyons honnêtes, vous ne vous êtes probablement jamais demandé spontanément un beau matin : « Mais qu’est donc une scapula ? » (Omoplate, pour les intimes). Pour ma part, je dois même avouer que j’ai séché mes premiers cours, vingt ans en arrière (tous mes aveux dans l’épisode du podcast, vous pourrez me faire chanter avec ça 😉).

Pourtant, derrière ces mots latins un peu intimidants se cache un monde fascinant. Loin d’être ennuyeuse, l’anatomie est un véritable trésor pour les professeurs de yoga. Pourquoi ? Parce qu’elle nous permet de comprendre vraiment ce que l’on fait avec nos corps – et avec ceux de nos élèves.

Imaginez un instant : vous donnez un cours et un.e élève vous dit qu’il ou elle a mal dans une posture. Plutôt que de paniquer ou de balancer une réponse générique du style « fais la posture de l’enfant en attendant », qui le ou la fera se sentir limité.e ou exclu.e, vous pouvez lui proposer une modification parfaitement adaptée à sa morphologie, ses besoins, et son état du moment. Ça, c’est l’assurance que la biomécanique vous donne.

Aujourd’hui, le yoga est enrichi par des siècles d'histoire, mais sa transmission peut aussi être alourdie par des croyances dépassées ou non fondées. Beaucoup d’enseignant.e.s se retrouvent pris.es entre des consignes contradictoires ou des idées pseudo-scientifiques. Intégrer la biomécanique dans son enseignement, c’est apprendre à démêler le vrai du faux, pour offrir un yoga basé sur des faits et non sur des approximations. Être exposé à des croyances dépassées ou incorrectes peut sembler frustrant, mais cela peut aussi être un tremplin pour développer une vision plus critique et nuancée du yoga. Cela nous aide à comprendre les origines de ces croyances et à mieux interagir avec celles et ceux qui s’y accrochent encore. En fin de compte, ces expériences enrichissent notre compréhension et rendent notre enseignement plus adaptable et empathique.

Si l’anatomie vous dit où sont les choses (les os, les muscles, les tendons, le trajet des nerfs), la biomécanique vous explique comment elles bougent et pourquoi. En clair, c’est le guide ultime pour savoir comment fonctionnent nos articulations, comment les charges sont réparties, et même pourquoi certains élèves sont freinés dans certaines postures alors que d’autres semblent s’y glisser avec délice.

Un des aspects de la biomécanique auquel je tiens particulièrement, c’est que son enseignement est maintenant associé à la science de la douleur (c’est-à-dire à tout ce que l’on sait aujourd’hui de la douleur) : pourquoi on a mal et comment ne plus avoir mal. Pourquoi parler de douleur dans des formations pour le yoga alors qu'on cherche du bien-être ? Parce que la douleur est une expérience humaine que nous partageons toustes (à l’exception de quelques rares personnes qui ne la ressentent pas, ce qui peut être grave en cas de fracture ou d'infection par exemple). Parce que la douleur se présente dans tous nos cours de yoga, sous la forme d’une personne qui s’est récemment blessée, ou qui a de l’arthrose, ou des douleurs chroniques, de l’endométriose… Bref, la douleur fait partie de notre quotidien. Comprendre comment elle fonctionne, de quoi elle est le signal, que faire face à un.e élève douloureux.se me parait fondamental.

Et soyons clairs, comprendre tout ça, ce n’est pas juste pour devenir un « geek » du mouvement 💪. L'un des sujets dont j'ai voulu parler dans le Podcast, c'est celui de la "souplesse" : savoir repérer les élèves qui, par exemple, ont une hypermobilité. Vous savez, ces personnes qui plient les coudes ou les genoux « à l’envers » ? Celleux qui touchent le sol dans Uttanasana ou font le Lotus en souriant au premier cours. Pour elleux, ce n’est pas juste une question de souplesse, c’est parfois une question de santé. Ils ou elles ont souvent besoin de renforcer leurs muscles et de travailler leur proprioception (leur perception du corps dans l’espace) plutôt que de focaliser sur des postures de souplesse, pour lesquelles elles semblent être nées.

Connaître l’anatomie et la biomécanique, ce n’est pas pour devenir kiné ou chirurgien. C’est pour devenir un.e prof de yoga confiant.e, compétent.e et, surtout, capable d’offrir un enseignement réellement transformateur. C’est un peu comme avoir une boussole dans un monde où chaque élève est unique et où chaque cours peut révéler des défis imprévus. Voici pourquoi ces connaissances peuvent révolutionner votre pratique :

Voici ce que ça peut changer pour vous :

Gagner en assurance et en sérénité :

Plus de sérénité lorsqu’un.e élève vous dit : « J’ai mal ici. » La compréhension du corps humain vous apporte bien plus qu’une simple compétence technique : elle vous donne la capacité d’intervenir avec clarté et confiance face aux situations les plus complexes. Vous devenez cette personne capable de proposer des alternatives précises, adaptées et éclairées, tout en sachant exactement quoi éviter. Imaginez le soulagement et la gratitude de vos élèves lorsqu’ils se sentent véritablement écouté.es et compris.es.

Vous ancrer dans le réel :

Dans un monde où les croyances New Age et les idées fausses abondent, se former en anatomie et biomécanique, c’est aussi développer une forme « d’autodéfense intellectuelle ». Cela vous permet de distinguer les informations fiables des mythes et des raccourcis douteux. Pourquoi est-ce si crucial ? Parce que chaque élève mérite un enseignement basé sur des faits, et non sur des dogmes ou des interprétations non fondées.

Oui, l’énergie, le Prana, est essentiel – je ne renie pas cet aspect fondamental du yoga, moi qui ai appelé mon activité Pranatomie ! Mais envisager une dimension énergétique ne signifie pas nier les réalités physiques et scientifiques. Se former, c’est intégrer ces deux dimensions pour offrir à vos élèves une pratique à la fois subtile et enracinée dans le concret.

Développer un esprit critique :

Imaginez pouvoir repérer immédiatement les raisonnements fallacieux, les enseignements douteux ou les pratiques basées sur des croyances simplistes comme « ❌/✅ » ou « fais-moi confiance, c’est comme ça ». Grâce à une meilleure compréhension des sciences du corps et du mouvement, vous devenez un.e enseignant.e capable de remettre en question ce qui mérite de l’être, d’ajuster votre pratique, et de transmettre des savoirs robustes et durables. Et peut-être de faire l'économie de "formations" inutiles.

Gagner en aisance :

Avec ces connaissances, vous ne vous contentez plus de proposer des cours de yoga collectif. Vous pouvez vous intégrer dans des équipes pluridisciplinaires, collaborer avec des professionnels de la santé et même enseigner dans des structures spécialisées – comme l’a fait Anne-Gaëlle en débutant dans un grand hôpital parisien (écoutez ses débuts dans le podcast 😬). Plus que jamais, vous serez à votre place, armé.e des outils pour intervenir auprès de publics variés et répondre à des besoins diversifiés.